Des trottoirs à profil bas et beaucoup plus larges, agréables pour les piétons et idéal pour les livraisons chez les commerçants. Des arbres qui embellissent la rue et qui aident à combattre les îlots de chaleur en apportant de l’ombre. Des stationnements en moins grand nombre, ni tous dans le même sens, et qui peuvent être occupés par des commerçants en été sous forme de terrasses éphémères. Une rue à sens unique — enfin ! — et d’orientation d’ouest en est facile d’accès pour les touristes, chose qui aurait dû être faite depuis au moins 30 ans… Bienvenue sur la future 4e Avenue Painchaud à La Pocatière !
Rien n’est coulé dans le béton ou dans l’asphalte, tout peut encore changer, idéalement être bonifié. La vérité est que le travail préliminaire effectué par le comité de réflexion derrière cette proposition de réaménagement de la 4e Avenue est remarquable et s’inscrit dans les tendances urbanistiques du 21e siècle. Si cette proposition maintenant en consultation auprès de la population se concrétise intégralement ou avec quelques bonifications, La Pocatière aura certainement l’un des plus beaux centres-villes de l’Est-du-Québec.
Rien ne semble avoir été oublié dans le projet proposé : sécurité et meilleure cohabitation entre les usagers pour faciliter les déplacements actifs ; végétalisation de l’artère pour rendre l’environnement général plus convivial et moins goudronné ; aménagements d’espace de détente ; stationnements qui changent de côté de rue à la mi-parcours afin de permettre aux restaurateurs d’y aménager des terrasses éphémères en été s’ils le désirent. Bref, une 4e Avenue méconnaissable une fois ces travaux de réaménagement terminés, mais ô combien nécessaire !
Ce qui permet aujourd’hui de réfléchir la 4e Avenue sous cet aspect, c’est le désir affirmé et assumé de rendre l’artère à sens unique, ce qui permet de réduire l’emprise réservée aux automobiles. Les travaux d’aqueduc et d’égout qui sont plus que dus dans les entrailles de la rue servent quant à eux de prétexte à cette grande réflexion initiée par le conseil municipal.
Clou du spectacle
L’autre point fort de cette proposition est le réaménagement complet du haut de la côte du Collège (2e Rue Guimond) à sa rencontre avec la 4e Avenue qui permettrait l’intégration davantage de verdure et d’une forme de place publique qui déborderait en partie sur le stationnement de la Cathédrale. Qui ne s’est jamais arrêté à cet endroit admirer toute la splendeur du fleuve et des montagnes de Charlevoix, lors d’un coucher du soleil estival typique de notre région ?
À ce chapitre, il faut dire que l’esquisse présentée donne un très bel avant-goût du résultat final, au point où on peut pratiquement parler de « clou du spectacle » dans le cadre du projet proposé. Ce genre de détails renvoie d’ailleurs à l’importance d’articuler un projet d’aménagement urbain autour de son environnement et de ses usages, ce qui a paradoxalement manqué à l’autre extrémité de cette même côte, près du fleuve, avec la fameuse Maison du Kamouraska…
Toujours dans cet ordre d’idée, le souci d’intégrer ces nouveaux aménagements en cohérence avec la trame urbaine proposée est même poussé jusque dans le stationnement de la Cathédrale qui doit pallier à la disparition de certains sur la 4e Avenue. Entièrement reconfigurée et végétalisée, cette mer d’asphalte aujourd’hui davantage trouées de nids de poule a tout sauf fière allure en plein cœur de la ville. Ce réaménagement proposé ne peut faire autrement qu’être bien accueilli.
Pousser la réflexion
Là où le projet de réaménagement ne s’aventure pas, c’est sur les terrains des maisons d’enseignement situées en périphérie de la rue. Alors qu’on souhaite favoriser les déplacements actifs sur la 4e Avenue, il n’a pas été jugé pertinent de réfléchir au réaménagement des stationnements du Cégep de La Pocatière et du Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, en incluant des représentants des deux institutions sur le comité de réflexion. Relier adéquatement l’entrée principale de la Montagne du Collège avec la 4e Avenue, afin d’améliorer la circulation naturelle des piétons entre les deux, serait souhaitable, à même titre que l’enfouissement des fils électriques sur la rue, scénario qui a été complètement écarté du projet pour des raisons de coût et d’échéancier, mais malheureusement sans contre-proposition afin de rendre leur passage plus esthétique sur la 4e Avenue.
Ces deux « oublis », s’ils en sont, ne méritent toutefois pas à eux seuls de passer à la trappe ce projet de réaménagement audacieux et grandement essentiel pour cette artère commerciale qui a déjà été plus dynamique. Pas plus qu’il ne serait pertinent de faire foirer l’ensemble de la proposition et opter pour le statu quo, simplement parce que quelques personnes risquent — sans surprise — de déchirer une fois de plus leurs chemises sur l’orientation du sens unique ou la disparition de quelques stationnements. La Pocatière a autant besoin d’un projet mobilisateur de la sorte après des années de disette que la 4e Avenue d’un électrochoc. Si cette proposition, même bonifiée, n’arrive pas à combler les deux, c’est le triomphe de la mauvaise foi qui l’emportera une fois de plus.